Leadeuse du groupe les Déesses avec leur tube «On a changé» (2007) et en promotion de son nouvel album intitulé NIOUMI.
Interviewée par : Sarah Maïmouna Koe
Bonjour Lylah et merci d’avoir accepté cette interview. Vous êtes en ce moment sur la promo de votre nouveau single Chokolo, c’est bien cela?
Oui, je suis sur la promo mon nouvel EP NIOUMI qui est sorti le 28 avril et en même temps du single Chokololo.
Tout d’abord qu’est-ce qui vous a amené à la musique ? Qui sont les personnes qui vous ont inspiré à faire une carrière musicale ?
Ce qui m’a amené à faire de la musique c’est tout simplement de grandir dans une famille qui aime la musique. Mon père est musicien, mon oncle est DJ, autour de moi on danse beaucoup, on chante. Donc, oui j’ai grandi avec ça.
Ensuite, ce qui m’a inspiré pour faire de la musique c’est vraiment une histoire qui m’a marqué ! Je devais avoir huit ans et j’étais dans le train avec ma mère. Il y avait quelqu’un qui était en train de faire de la musique dans le métro et il avait une marionnette de Whitney Houston, qui promotionnait son film Bodyguard à l’époque. Donc il avait acheté les albums et il faisaitchanter sa marionnette à l’effigie de Whitney Houston. Ça m’a tellement marqué, qu’après ça j’ai demandé l’album à ma mère et je faisais que l’écouter. Ca a été un moment marquant qui fait qu’aujourd’hui, j’aime la musique, j’aime partager, j’aime ce que l’on ressent quand on écoute de la musique. Je chantais avant mais ça a vraiment réveillé un truc en moi.
Quelle est votre chanson préférée à interpréter et pourquoi ?
La chanson que j’aime interprétée, c’est une toute récente, justement dans mon EP NIOUMI, qui s’appelle « Une fois, pas deux » . C’est une chanson que j’ai interprétée sur scène lors des premières parties de TAYC sur toute la tournée du Crystal Destiny Tour; et j’ai vraiment aimé l’interaction du public avec cette chanson ! Même par rapport au message, je dis en gros qu’aujourd’hui c’est compliqué de faire confiance à des gens, que ce soit en amour comme en amitié. Et puis voilà c’est une chanson qui parle de mon vécu, de faits réels donc elle me touche particulièrement et l’interaction que j’ai eue avec le public sur cette chanson-là était super belle…
Après, pour une plus ancienne, je dirai « On a changé », bien sûr ! Parce que ça fait 17 ans que cette chanson tourne et 17 ans que aujourd’hui, qu’importe ce qui se passe où je vais, je la chante et tout le monde chante avec moi aussi.
Donc je dirais ces deux chansons là : « Une fois, pas deux » pour le côté récent et pour le côté ancien, je dirais « On a changé » parce que c’est une chanson qui pour moi, elle est comme magique en fait. C’est comme si elle ramenait les gens en 2006, à ce moment-là, à ce qu’ils ressentaient à cette époque et à ce qu’ils qui vivaient à ce moment-là. Du coup, pour moi, c’est vraiment comme un voyage dans le temps. C’est fou, c’est magique et je trouve ça dingue ! Voilà c’est donc les deux chansons que j’aime le plus interpréter.
Est-ce que vous pensez que Internet a eu un impact sur la perception des femmes afro-descendantes ?
De mon point de vue extérieur, ce qui est bénéfique avec Internet concernant les femmes noires, c’est que je trouve qu’avant il y avait vraiment ce côté où elles n’acceptaient pas leurs couleurs, n’acceptaient pas qui elles étaient vraiment. Et je trouve que maintenant, avec Internet, comme on a beaucoup plus de connaissances et en plus on peut se connecter entre nous. On peut plus se soutenir, se donner de la force, même si c’est encore compliqué. Je trouve que la femme noire, pour moi, elle est lumineuse. Aujourd’hui, on la voit plus. En tout cas, on a ouvert des portes qui n’étaient pas ouvertes il y a quinze ans.
Je vais donner un exemple, il n’y a pas longtemps, j’étais à l’aéroport, je tourne la tête et je vois une grande pancarte de Lancôme avec le visage d’Aya Nakamura, à coté de Zendaya, avec une asiatique et Julia Roberts. Et j’ai trouvé ça tellement beau de les voir toutes les quatre réunies. Une belle femme noire mise en valeur comme ça en pleine lumière par une marque comme Lancôme.
Je me suis, dit qu’elle donnait de l’espoir et donnait de la lumière aux femmes noires pour qu’elles se disent que tout est possible. En réalité, il faut juste pousser les porte et à un moment donné, les portes ne pourront plus se refermer… Et Internet, je trouve que ça a créer une sorte de bulle, d’accès à une connaissance, d’accès à une connexion avec les autres et du coup, on se sent moins seul. On se dit qu’on vit tous la même chose. Et puis j’ai l’impression les femmes noires acceptent plus leur couleur de peau, il y a moins cette histoire de vouloir s’éclaircir la peau, de collorisme.
Aujourd’hui, les femmes noires sont fières de leur couleur et sont fières de leurs cheveux. Pendant un moment j’étais beaucoup avec mon afro et j’étais fière, j’avais pas de honte, de gêne et j’ai pas reçu de réflexions bizarres. On peut porter des coiffures hyper belles et classes, que ce soit des braids , un afro, des nattes, ou des tresses collées. Et j’essaye de mettre ça en avant aussi dans mon image aujourd’hui, parce que j’ai beaucoup voyagé et ça m’a beaucoup ouvert l’esprit. Du coup, j’essaie de retransmettre ça parce que, par exemple, il y a une maman qui est venue me voir pour me dire : « Écoute ça me fait plaisir de te voir avec ton afro parce que ma fille est métisse…Elle a les cheveux afro et c’est comme si elle n’aimais pas ses cheveux. Le fait de te voir avec ton afro elle se dit qu’elle aussi elle peut être jolie avec. »
Ça m’a touché et j’étais très contente que cette petite fille m’est prise en modèle en se disant que qu’en fait ce n’est pas si mal l’afro, qu’en fait c’est beau ! Et qu’elle n’ait plus peur de porter cette coupe parce qu’elle a vu une artiste le faire avec fierté et être bien dans sa peau.
J’ai déjà aussi coupé mes cheveux très courts et en fait, j’assume tout. Il n’y a pas de jugement, on peut très bien porter des wigs et ça ne veut pas dire qu’on veut devenir blanche. Le message, c’est soyons fiers de qui on est et de ce que l’on a déjà, de cette capacité à pouvoir à faire ce que l’on veut avec nos cheveux. Il y a plein de choses à faire avec les cheveux crépus et les cheveux bouclés. Donc soyons fiers et puis on a une très belle couleur de peau avec plein de nuance, qu’elle soit choco-caramel haha, chocolat au lait, chocolat noir… Peu importe la couleur qu’on a, elle est juste magnifique ! Et pour ça, on doit être fière. Peu importe ce qu’on entend, peu importe ce que les gens disent. Dans mes clips, dans mes prestations, je défends beaucoup ça. Je travaille avec ma petite sœur qui est plus foncée que moi, elle a les cheveux courts et elle est un peu curvy et le message c’est d’être qui on est et qu’on peut tout faire à partir du moment où l’on se sent bien… Qui va dire quoi ? L’important ce n’est pas ce que les gens pensent de vous mais ce que vous pensez de vous -même.
Une personne on l’accepte peu importe comment elle est à partir du moment où elle qui s’accepte déjà.
Vous êtes reconnue comme une chanteuse de Zouk, un style très sensuel, comment vous arrivez à concilier féminité, notoriété et vie privée?
Ma musique c’est de l’Afro Caribbean Pop, dans les beats, je suis très dans l’afro et dans les mélodies c’est plus le côté caribéen et pop.
Concernant la féminité, j’arrive facilement à concilier parce je suis une femme, je me connais. Je connais mes atouts, j’en suis consciente donc je les met en valeur dans ma musique.
J’essaye de m’en servir car ce que j’aimerais transmettre à celles qui m’écoutent, ce n’est pas que je me la raconte mais qu’elles-mêmes se sentent bien dans leur peau, qu’elles ressentent ce côté sensualité. Quand j’ai sorti mon titre « Essayer » j’ai reçu beaucoup de vidéo de personne qui lorsqu’elles écoutaient le son, avaient envie de danser et je ressentais vraiment qu’elles s’aimaient à ce moment-là ! Alors qu’il y avait des femmes curvys et des femmes qui n’étaient pas forcément à l’aise avec leur corps. Quand elles mettaient la musique, je voyais rien de tout ça mais juste des femmes sures d’elles qui savent ce qu’elles valent, qui sont là, qui sont sensuelles. Pour moi, c’est ça le but de ma musique, le bien-être que je ressens, cette énergie-là, je la transmet pour que les gens puissent la ressentir.
Je parle comme ça aujourd’hui mais j’ai appris à le faire. Comme toutes les femmes, j’ai vécues pleins des choses qui font qu’on a perdu confiance en nous.. A un moment, j’ai dû reprendre les rênes. Je me suis dit que si je souhaite être aimée comme il se doit et comme je le mérite, il va falloir que moi-même je me donne cet amour-là. C’est quand j’ai compris tout ça qu’à partir de là, les choses ont changé. Ma vision des choses, sur moi-même, a changé et l’énergie que je veux transmettre dans mes chansons, elle a changé aussi. Certains comprendront et d’autres pas et on ne peut pas plaire à tout le monde mais si ne serait-ce que 5 personnes me disent qu’elles ont capté le message, qu’elles ressentent ça en écoutant ma musique, je suis très contente ! Quand on me dit : « Lylah, tu fais ressortir ma féminité », j’ai gagné ça y est ! C’est ça mon but ! On a chacun nos combats et pour moi si c’est de redonner un peu de confiance à une femme ou qu’elle se dise « Écoute moi, je me plais, je suis quelqu’un d’intelligente » ça me fait plaisir. Chaque personne à sa mission et voilà.
Si vous n’aviez pas eu de carrière musicale, qu’est-ce que vous feriez ?
C’est bizarre ce que je vais dire… J’y ai déjà réfléchis mais je ne sais même plus comment on les appelle. Vous savez les personnes qui gèrent les enfants qui sont placés dans les familles d’accueil. J’aimerais bien travailler avec les enfants en difficulté. Aujourd’hui il y a beaucoup trop de non-dits sur les familles d’accueil, sur les enfants qui sont gérés par l’état et parfois j’entends des histoires, vraiment ça me touche énormément. Ça me fait mal au cœur et je me dis mais c’est bizarre pourquoi, ils ne sont pas surveillés. Pourquoi on ne pose pas plus de questions aux familles d’accueil ? Pourquoi il n’y a pas plus d’observation ? Je ne comprends pas… Voilà, moi c’est ce que j’aurai fait. Je travaillerais avec les enfants qui sont en difficulté, qui ont perdu leurs parents ou qui sont placés, peut-être même que je serais famille d’accueil.
J’aurai aimé faire partie de la vie de ces enfants pour les aider à surmonter les épreuves de la vie, tout simplement et devenir des adultes sains même si la vie ne les a pas épargné. Je pense qu’on peut changer, on peut évoluer. Voilà c’est ce que j’aurais aimé faire si je n’étais pas chanteuse.
Si vous pouviez changer quelque chose dans l’industrie et après dans le monde.
Dans l’industrie de la musique, je dirais peut être plus de femmes à des postes importants, comme parce que c’est très patriarcal. La musique, c’est beaucoup les hommes qui gèrent. Alors que pour moi, il y a des femmes qui sont très talentueuses. Certaines ont l’étoffe pour être de grandes dames dans l’industrie de la musique mais ne le sont pas parce qu’elles sont des femmes, parce qu’on pense qu’elles agissent sous le coup de l’émotion, ce qui est vrai parfois. Mais il y a des femmes qui arrivent à gérer leurs émotions et donc ce serai ça que je changerai plus de postes pour les femmes, des postes importants bien sûr. Il y en a, mais pas assez à mon avis
Ensuite dans le Monde, il y a tellement de choses que je dirais déjà c’est retrouvé l’innocence que l’on avait avant les téléphones, avant Internet, avant les réseaux. Par exemple, lorsqu’on allait dans des fêtes de famille… On jouait avec nos cousins, on se parlait, on jouait en bas de la maison, on allait faire du toboggan et je trouve que innocence là elle est perdu beaucoup trop tôt. Et c’est malheureux parce que les enfants grandissent trop vite, je trouve. Ils connaissent trop de choses, trop tôt et du coup ça crée des choses pas très jolies.
Et ensuite, concernant les adultes, c’est peut-être aussi le covid qui a joué, mais je trouve qu’on est plus solidaire. Déjà qu’on ne l’était pas beaucoup, je trouve qu’on l’est encore moins. Je trouve qu’on a vraiment perdu ça. C’est vraiment triste parce que c’est un petit côté humain qu’on perd chaque jour… J’ai l’impression qu’on devient un peu comme des sauvages, comme des gens qui n’ont pas de principes, qui n’ont pas de valeurs. C’est vraiment dommage et ça fait peur pour la suite des choses, pour la sécurité. Parce que je me dis si on avance comme ça, qu’est-ce qu’on va devenir ? Qu’est-ce que nos enfants vont devenir ? Qu’est-ce que les enfants de ces enfants vont devenir ? C’est des questionnements que j’ai parfois quand je suis là et que je regarde un peu Internet. Je me dit wow, les choses ont
vraiment changé ! C’est ça aussi Internet, il n’y a plus de barrières, les gens parlent de tout et n’importe quoi et ils font tout et n’importe quoi. Ils vont pranker sur la mort. L’argent laisse tomber, c’était très chaud avant mais là c’est devenu n’importe quoi. Le sexe n’en parlons pas. On en a perdu beaucoup choses donc ce serai retrouver un peu ce truc… Je ne sais pas comment l’appeler, on va dire cette part d’humanité c’est ce que j’aurais changé, en tout cas dans le monde. Parce qu’actuellement les gens pour l’argent sont prêts à tout, pour le sexe aussi et puis il y a tous ses trucs sur la pédophilie, je comprends pas… Mais c’est le monde qui est comme ça et ça ne va pas en s’arrangeant. Il y a tellement de chose à dire qu’il faudrait faire une interview juste sur ça ! En tout cas ; ce qui me touche, j’ai pu en parler.
Quel est le meilleur conseil que vous avez pu recevoir ?Et quels est le meilleur conseil que vous pouvez nous donner.
Déjà, la base c’est que si tu fais de toi ta priorité, tu vas naturellement choisir des personnes qui sont bonnes pour toi, donc ça c’est la base des bases. Apprendre à s’aimer, à se prioriser c’est tellement important !
Ca me rappelle une anecdote, où j’étais sur snap et je venais de sortir d’une relation toxique, d’ailleurs mon album NIOUMI parle de ça, de tout le schéma de cette relation-là. A partir du moment où la séduction commence, à celui où tu te rend compte que t’es amoureuse et que finalement c’est pas ça.
J’ai compris un truc et j’ai commencé à dire sur snap : « Je me date. ». Ca veut dire que j’ai pas besoin d’attendre que quelqu’un me date pour sortir, m’offrir des fleurs, aller au restaurant ou au cinéma. Je me fait belle, comme si j’allais voir quelqu’un… En fait, ce que je faisais avant pour une personne, je le fait pour moi-même : je vais dans mon petit restaurant, je me pose chez moi en mode Netflix ou je vais au cinéma et sinon je pars en week-end quelque part. C’est vraiment quand j’ai commencé à dire « Je me date » que ma vie a totalement changé, c’est comme une affirmation! Je me sens vraiment bien et là je me dis « Mais qui me peut en fait ? Qui me mérite ? » Je ne parle pas de l’aspect financier, attention, mais du coeur de la personne. Parce que toute personne évolue à son rythme et une personne avec des objectifs et des ambitions, elles va y arriver. En tout cas je parle du coeur et du respect qu’on vous donne, des attentions qu’on vous donne, de l’importance qu’on vous donne. Avant
de vouloir que des gens de l’extérieur vous donne tout ça, déjà donner le-vous à vous-même. Si vous vous offrez rien, comment voulez-vous que quelqu’un d’autres vous l’offre, au nom de quoi ?
Ensuite, il y a une phrase qui m’avait fait rire. En gros c’est si tu commandes du homard et qu’on te sert du tilapia quitte la table même si tu as faim ! Ça veut dire que si vous avez certaines exigences et que certains vont penser que c’est trop, il ne faut pas les baisser parce que vous savez ce que vous méritez. Par contre, quand on est exigeant, il faut être à la hauteur de ces exigences. Donc on peut pas demander à quelqu’un d’être parfait alors que nous même on ne l’est pas. Donc quand on demande du homard il faut avoir le palais bien développer pour l’apprécier. On dit que l’herbe est plus verte ailleurs, mais elle est juste plus verte là où elle est arrosée, tout simplement.
Toute façon pour que les gens soient bien autour de vous, il faut que vous soyez bien et ça revient à se prioriser dans tous les cas. Que ce soit en famille, que ce soit en couple, que ce soit en amitié, si vous n’êtes pas bien avec vous-même dans tous les cas vous ne serez pas bien avec les autres… Il y aura toujours de problèmes donc à un moment donné, il faut s’asseoir et regarder où ça ne va pas, quel schéma se répète et il faut travailler dessus. C’est simple à dire et très difficile à faire mais il faut, il n’y pas le choix !
Quel est le talent le plus inutile que vous ayez ?
Comme ça il y a rien qui me viens me tête… J’aime bien prendre une situation et pour que qu’on comprenne bien , je vais imager et raconter une histoire pour que la personne se mette à la place de celle concerné. C’est difficile à expliquer, par exemple, si elle aime manger du gâteau au chocolat, je vais lui faire un exemple à partir du gâteau au chocolat pour qu’elle comprenne. Je ne sais si c’est un talent mais en tout cas les gens arrivent facilement à comprendre ce que je dis et me disent souvent « Ah oui, j’avais pas vu ça comme ça ! ». J’arrive à mettre le gens dans la situation en question, pour qu’ils comprennent. Après oui, les métaphores, les dictons, les phrases courtes et concises pour que les gens comprennent, ça oui. Mais je sais pas toucher ma langue avec mon nez ou ce genre de trucs haha !
Merci beaucoup Lylah, pour l’interview et le temps que vous nous avez accordé !
Merci à vous, ça fait toujours plaisir de répondre à question intéressantes !
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